« Chez Molex, nous ne sommes pas des patrons voyous »
Les dirigeants de Molex sortent de leur silence. La semaine dernière, l'équipementier automobile américain a été accusé de ne pas tenir ses promesses, en refusant de payer la fin du plan social en cours après la fermeture de son usine de Villemur-sur-Tarn, en Haute-Garonne. Un comportement critiqué par les syndicats, et jugé « particulièrement choquant » , vendredi, par le ministre du Travail, Eric Woerth. Anna Rodriguez, la responsable du dossier au siège de Chicago, riposte point par point.
Recueilli par
Denis COSNARD
Chef de Service
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Les dirigeants de Molex sortent de leur silence. La semaine dernière, l'équipementier automobile américain a été accusé de ne pas tenir ses promesses, en refusant de payer la fin du plan social en cours après la fermeture de son usine de Villemur-sur-Tarn, en Haute-Garonne. Un comportement critiqué par les syndicats, et jugé « particulièrement choquant », vendredi, par le ministre du Travail, Eric Woerth. Anna Rodriguez, la responsable du dossier au siège de Chicago, riposte point par point.
Cela ne s'est pas passé comme cela. Nous avons entamé le processus de liquidation amiable de Molex Automotive SARL en septembre dans le cadre normal de la fermeture de l'usine de Villemur. Nous avions alors l'intention de continuer à financer le plan social. Mais trois ou quatre jours plus tard, nous avons découvert que 188 anciens salariés avaient décidé d'aller en justice, devant les prud'hommes, en affirmant que le plan social était invalide. Cela a tout changé à nos yeux.
Nous avons déjà payé 30 millions d'euros pour financer le plan social et 19,4 millions pour aider à la réindustrialisation de la région. Nous avons ainsi versé près de 90 % de ce que nous devions. Et soudain, les 188 plaintes changent la donne : elles s'élèvent à environ 30 millions d'euros. Compte tenu de ces demandes, le coût total pourrait passer de 100.000 à plus de 200.000 euros par salarié, autrement dit plus de dix années de salaire dans certains cas. C'est aberrant ! Quelle entreprise pourrait assumer de tels montants ? En outre, parmi les 188 demandeurs, 34 sont aujourd'hui salariés de VMI, une société qui vit largement des commandes de Molex.
Nous craignions de ne pas avoir un procès équitable, juste. En France, à chaque fois que nous sommes allés en justice, nous avons perdu. Aux prud'hommes, les salariés gagnent dans 80 % des cas. Sur les conseils de nos avocats, nous avons préféré limiter les risques.
Nous avons tenu tous les engagements pris vis-à-vis des salariés comme du gouvernement. Dans les mêmes circonstances, la plupart des entreprises françaises n'en auraient pas fait autant. Mais je comprends que le gouvernement est lui-même en ce moment sous une forte pression qui n'a rien à voir avec notre dossier.
On nous a même accusés d'utiliser des méthodes mafieuses ! Oui, je suis choquée par ces propos diffamatoires et offensants. La décision de fermer Villemur n'a pas été prise à la légère. Avec la crise, nous traversions une passe très difficile, et nous avons dû fermer près de 40 usines dans le monde. Dans la plupart des pays, les conditions de départ du personnel sont définies par la loi. En France, nous avons dû négocier, et les salariés de Villemur ont ainsi obtenu le plan de loin le plus généreux de tous ceux mis en place dans le groupe. Malgré cela, on nous traite de voleurs, on nous caricature comme une société américaine qui ne s'intéresse qu'au profit et pas du tout aux hommes. Mais qui sont les voleurs, les voyous ? A Villemur, après l'annonce de la fermeture, certains salariés ont volé, endommagé ou détruit du matériel, séquestré deux de nos managers, agressé physiquement certains collaborateurs. Il y a même eu des menaces de mort. Ils ont pu le faire sans susciter de réaction de la police ni des pouvoirs publics, qui ont refusé d'intervenir. Dans n'importe lequel autre pays, ces actions auraient entraîné un licenciement immédiat. En France, les salariés en cause ont conservé leur rémunération pendant au moins neuf mois après la fermeture de l'usine et reçu des indemnités…
Nous sommes ouverts à un dialogue si les pouvoirs publics le demandent et si nous pouvons rencontrer des interlocuteurs raisonnables. Mais il faudrait au préalable que les 188 plaintes soient retirées.
ps Pour ceux et celles qui veulent cracher sur leur poste, n'oubliez pas de l'essuyer après !