Interview de Gérard Filoche : "Une vraie retraite à 60 ans c'est possible"
Interview exclusive diffusée en intégralité
Slovar : Gérard, les éditions JC GAWSEVITCH republient le livre que tu avais co écrit avec Jean-Jacques Chavigné : " Une vraie retraite à 60 ans c'est possible". Peux tu nous dire à quelle date est paru ce livre ?
Gérard Filoche : Ce
livre a été conçu avec Jean-Jacques Chavigné dés que Sarkozy a viré sa
cuti, et renoncé, contrairement à ce qu’il avait déclaré, à maintenir
la retraite à 60 ans. Ecrit pendant que nous préparions l’appel dit
“Attac-Copernic”, il est paru le 16 avril quelques jours après que ce
dernier ait été lancé le 7 avril.
C’est dire si nous l’avons
pensé comme un instrument militant : sous forme de “dix questions, dix
réponses” il balaie tout le spectre des mensonges gouvernementaux et
propose une alternative pour garder une retraite à 60 ans sans un an de
plus ni un euro de moins. Chaque soir de meetings unitaires, à parti du
succès de la Bellevilloise le 6 mai 2010, nous avons proposé ce livre
aux participants et il est devenu ainsi ce qu’on appelle un succès de
librairie, notre éditeur JC Gawsevitch, n’en revient pas encore. Le
petit dessin que m’a donné mon ami Siné qui est au dos du livre, est
maintenant repris à des centaines de milliers d’exemplaires partout
dans le pays.
Slovar : Quelles sont les raisons qui te l'ont fait écrire ?
GF : Des
millions de français, qui pourtant savent décrypter et résister dans
leurs consciences, sont victimes d’une campagne médiatique acharnée de
type désinformation totalitaire. Sarkozy ment. Fillon ment. Woerth
ment. On a affaire à un véritable truquage éhonté de l’information, des
chiffres, des “arguments”. C’est atterrant de bêtise ce qu’ils
expliquent sur TF1, dans les grands médias aux ordres, mais ils
n’hésitent pas ils le font : bourrage de crâne, contre-vérités,
manipulations, ils osent tout de façon incroyable !
Ils
refusent le débat aussi bien avec les syndicats qu’ils ont méprisé, que
dans les télés ou à l’Assemblée nationale où ils ont réduit le temps de
parole de l’opposition à 20’. Sarkozy a imposé la procédure d’urgence,
profité des vacances, organisé toutes sortes de diversions médiatiques
que c’en est insupportable dans une république, vis à vis de la
démocratie, vis à vis de citoyens majeurs.
Alors
en plus des mobilisations et grèves appelées par les 8 syndicats unis
les 23 mars, 29 mai, 24 juin, 7 septembre, 23 septembre, et de celles à
venir, nous avons organisé avec Attac Copernic et les 268 signataires
universitaires, intellectuels, associatifs, syndicalistes, politiques,
plus de 400 meetings dans tout le pays. Dans de tels meetings, il y a
des milliers de militants et de gens en colère, on développe nos idées
et on est applaudi. Mais cela ne suffit pas : la diffusion d’un livre,
aussitôt après, est un moyen de continuer, de renforcer les arguments,
les convictions, de poursuivre en profondeur, voilà pourquoi on a écrit.
Slovar : En quoi ce livre est-il "actuel" ?
GF : " Parce
qu’en dix questions, dix réponses, il balaie toutes les arguties sur la
prétendue “crise démographique”, la prétendue “crise économique” qui
obligeraient à piller le niveau de nos retraites durement acquises. Il
n’y a aucune contrainte démographique et la France est même trés bien
placée, car elle a le taux le plus élevée d’Europe de naissances.
L’allongement de l’espérance de vie est fragile et n’est, hélas, pas si
élevé, qu’ils le prétendent : de toute façon, ça ne modifie pas la
biologie du corps humain entre 55 et 65 ans.
Les
plus belles années de la retraite sont entre 60 et 65 ans. Les plus
dures années au travail sont entre 60 et 65 ans. Le travail devient dur
pour tout le monde au milieu de la cinquantaine. Et notre livre a été
le premier a donner plein d’arguments – aujourd’hui largement repris
par tous dans tous les meetings - comme le fait que l’espérance de vie
en bonne santé est en moyenne de 63 ans pour les hommes et de 64 ans
pour les femmes.
Et
nous avons expliqué et justifié sans ambiguïté que la retraite n’était
pas une épargne mais le fruit d’une cotisation basée sur les salaires,
une partie du salaire mutualisée, mise dans un pot commun et
redistribuée en direct, de ceux qui travaillent à ceux qui sont en
retraite, en temps réel, sans spéculation possible. C’est un salaire
continué. Nous expliquons qu’il ne faut pas tomber dans le piège des
assurances individuelles et fond de pensions, ils vous prendront vos
sous et les dilapideront aux iles Caïman dans les caves à subprime et
autre hedge fund : ne leur donnez rien, pas un centime, il n’y a pas
d’issue individuelle à la retraite.
Enfin
nous décortiquons le danger de la retraite dite “a points”, les
inégalités produites envers les femmes et les précaires, et dénonçons
les baisses planifiées du niveau des retraites du fait de l’allongement
inatteignable des annuités cotisées obligatoires.
Slovar : Est-il vraiment possible de maintenir les retraites à 60 ans à taux plein ?
GF : Evidemment,
rien, rien, rien n’oblige à la remettre en cause, il faudrait même
permettre la retraite à 55 ans dans le bâtiment par exemple. Qui n’a vu
qu’un ouvrier de 55 ans devant son marteau piquer, avait peu
d’espérance bien qu’ayant coûtés toute sa vie. Travailler plus c’est
mortifère, il faut travailler mieux, moins tous. Il y a l’argent
disponible : si on cesse de faire des dizaines de milliards de cadeaux
au CAC 40, aux 500 premières familles, d’exonérer de 42 milliards de
cotisations les patrons, de permettre des niches fiscales comme celle
de Copé sur les transferts de société qui coûte a elle seule 22
milliards (4 fois plus que le fameux bouclier fiscal).
Bien
sûr, la France n’a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal
redistribuées à ceux, les salariés, 92 % de la population active qui
les produisent. Même le COR (conseil d’orientation des retraites a
calculé qu’avec 0,30 points de hausse des cotisations sociales pendant
la période difficile de 2010 à 2036, on pouvait faire face et maintenir
les prestations à 60 ans, avec 75 % de reversement, indexé sur les
salaires, sans retraite inférieure au Smic, et calculée sur les 10
meilleures années ou sur les 36 derniers mois. Il faut redonner aux
salaires la part qu’ils méritent, partager le travail et adapter les
cotisations pour garantir les retraites, nous démontrons dans notre
livre que c’est possible et viable. Tout dans notre livre est sourcé,
chiffré, détaillé.
Slovar : Crois tu possible de faire céder le gouvernement et Sarkozy alors que ceux-ci affirment vouloir aller jusqu'au bout ?
GF : C’est comme dans le temps des dévaluations. Ils disent toujours qu’ils ne dévalueront jamais... une heure avant de dévaluer.
En avril 2006, Chirac est allé jusqu’à promulguer la loi du CPE... en demandant qu’elle ne s’applique pas.
Sarkozy
est isolé en dépit de toutes les sales diversions qu’il a tenté
d”organiser cet été et en cette rentrée (Roms, immigration, insécurité,
écoutes téléphoniques, mensonges sur Woerth-Bettencourt, l’affaire
Karachi, etc...). Les diversions ont toute échoué dans l’opinion. L’UMP
est divisée, seul le Medef et le Cac 40 le soutient à 100 %. Il fait le
fier à bras, alors qu’en un un pays normal il y aurait des élections
anticipées.
Mais
autour de lui, bien qu’il fasse le sourd, truque les chiffres et
manipule les grands médias à ses ordres comme TF1, les vagues de
manifestants et de mécontents montent, Sarkozy est déjà mouillé jusqu’à
la cheville, on va le mouiller jusqu’aux genoux.
Ca
monte chaque jour, on fait plusieurs meetings par soir et on manifeste
et fait grève encore les 2 et 12 octobre. Bernard Thibault ne vient il
pas de déclarer solennellement que “la grève reconductible ne peut
absolument pas être exclue” ?
Merci Gérard et bonne manif !
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