Retraites : nouvelle mobilisation avant le Sénat

Retraites : nouvelle mobilisation avant le Sénat

Les syndicats espèrent rallier les salariés des petites entreprises en défilant un samedi.

Faire descendre dans la rue les salariés qui ont du mal à participer à un jour de grève, parce «ça ne se fait pas» dans les petites entreprises ou parce que leurs revenus sont trop modestes pour perdre un jour de paie. Y ajouter les familles et les étudiants. En choisissant ce samedi pour leur troisième journée de mobilisation contre la réforme des retraites depuis la rentrée, les syndicats espèrent élargir le public des manifestants.

À l'approche de l'échéance, c'est un très classique jeu de rôle qui se joue. «Il y aura probablement plus de monde que la dernière fois», pronostique une source gouvernementale, comme pour pouvoir mieux expliquer dès ce samedi soir que l'événement n'a pas été aussi spectaculaire que prévu (le 23 septembre, entre 1 et 3 millions de personnes avaient manifesté). Les syndicats, à l'inverse, font assaut de prudence, comme pour mieux pouvoir parler ensuite de démonstration de force. «On n'affiche aucun objectif parce qu'on vise ceux qui travaillent là où nous, les syndicats, sommes le moins présents, donc la mobilisation est très difficile à prévoir, justifie Éric Aubin, le «M. Retraites» de la CGT. Et ceux qui ont participé aux journées du 7 et du 23 risquent de se dire que c'est au tour des autres.»

Pas sûr non plus que les étudiants se joindront massivement aux cortèges, comme l'un de leurs syndicats, l'Unef, les y encourage. Et ce, même si FO tente de raviver le mythe du combat contre le CPE -gagné en 2006 par l'ensemble des organisations de salariés, alliées aux jeunes- dans un communiqué cosigné avec les lycéens de la Fidl.

Prochain rendez-vous le 12 octobre

«Notre objectif, c'est de faire aussi bien que la dernière journée», a tout de même déclaré François Chérèque (CFDT) à Libération. Le prochain grand rendez-vous syndical est déjà fixé au mardi 12 octobre, soit à mi-chemin de l'examen du texte au Sénat.

Les débats commenceront mardi au sein de la Chambre haute. En commission, les sénateurs ont procédé à quelques retouches. Les retraites anticipées pour handicap seront assouplies. Les bénéficiaires actuels de l'allocation équivalent retraite (chômeurs en fin de droits ayant tous leurs trimestres mais pas encore 60 ans) concernés par le report de l'âge légal pourront continuer à la percevoir jusqu'à ce qu'ils soient pensionnés.

Plus gênant pour le gouvernement, la commission a supprimé un article ouvrant la porte à des transferts de ressources entre caisses. Cet article reconnaissait implicitement que, si la réforme doit permettre d'équilibrer globalement d'ici à 2018 le système de retraite, chacune des caisses concernées ne sortira pas forcément du rouge -la présidente du régime de base des salariés (Cnav) estime qu'il lui manquera encore 4 milliards par an en 2018. Mais, de FO au Medef, les partenaires sociaux ont protesté contre cet article, y voyant la menace d'un siphonnage de l'Agirc-Arrco qu'ils gèrent plutôt bien.

Rien en revanche, à ce stade, sur un éventuel assouplissement des conditions de passage de 65 à 67 ans, entre 2016 et 2023, de l'âge de la retraite sans décote. Le Sénat attend «des chiffrages» pour envisager un changement, notamment en faveur des femmes ayant élevé trois enfants, a assuré cette semaine son président, Gérard Larcher. En réalité, un éventuel geste sera validé ou non la semaine prochaine. Et l'ampleur de la manifestation de demain pèsera au moins autant que les «chiffrages» dans la balance.

http://www.lefigaro.fr/retraite/2010/09/30/05004-20100930ARTFIG00752-retraites-nouvelle-mobilisation-avant-le-senat.php