Florence Aubenas : ses héros racontent le 20
Florence Aubenas : ses héros racontent
le 20 avril 2010
Journaliste ou femme de ménage, elle était toujours Florence
« Pourquoi nous ? » « C’est si grave que ça ce qu’on a ? » C’est d’abord en ces termes que les collègues de nettoyage de Florence Aubenas ont réagi lorsqu’elle est revenue à Caen avant la parution du « Quai de Ouistreham » (Editions de l’Olivier) pour le leur donner. Puis, plus vexant pour les journalistes : « Depuis quand ils s’intéressent à la vie quotidienne des gens ? » Elles et ils ont pris le livre, ne sachant pas trop quoi en faire, quoi penser de la démarche.
Philippe, avec qui Florence Aubenas ne faisait pas le ménage mais des visites guidées à Carrefour et autres « trucs de couple » comme acheter un cric et aller au McDo, lui a dit qu’il n’aimait pas lire. De toute manière, peu importe : journaliste ou femme de ménage, elle était toujours Florence, avec qui ça pourrait être le bonheur de prendre l’air dans un rayon de plantes carnivores, ou d’aller à des spectacles de « karting car », si seulement elle était un peu plus patiente et moins focalisée sur le travail. Florence Aubenas lui a lu les passages qui lui sont consacrés. « Ah, super ! Je n’aurais jamais cru que tu avais remarqué que je portais une chevalière... Et t’avais aussi repéré mon blouson ? Pas mal, le sens de l’observation ! » Sa seule inquiétude était que, désormais, les femmes sachent qu’il « drague ». Mais il n’est pas le seul et Philippe n’est pas son vrai prénom.