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Barre-toi
24 février 2011

Sous-traitance : les grands groupes «pillent» les PME

Sous-traitance : les grands groupes «pillent» les PME
«Nous avons déjà lancé 25 médiations collectives, concernant au total 600.000 salariés», souligne Jean-Claude Volot, médiateur de la sous-traitance. Crédits photo : ERIC PIERMONT/AFP

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Le médiateur de la sous-traitance relève 36 pratiques illégales. Il dénonce l'«omerta» et tire la sonnette d'alarme.

«On se croirait en Sicile ou en Corse. C'est l'omerta». Jean-Claude Volot, le médiateur de la sous-traitance nommé l'an dernier par le gouvernement, n'a pas de mots assez durs pour qualifier les pratiques commerciales illégales que les grands groupes industriels imposent à leurs fournisseurs. Dans une interview aux Echos ce jeudi, le médiateur tire la sonnette d'alarme : «la situation est très grave, les acheteurs des grands groupes pillent les petites et moyennes industries (PMI). Ils récupèrent à leur profit la plus grande partie de la marge et empêchent ainsi les entreprises intermédiaires de se développer».

Et le médiateur de lister 36 différents types d'entorses à la loi recensées ces derniers mois par ses services. De l'imposition de pénalités de retard abusives à l'auto-facturation qui permet aux grands groupes de passer outres les règles sur les délais de paiement tout en faisant payer ce service aux PME, les entorses à la loi sont légion. «Mais le domaine où la loi est violée de la façon la plus forte, c'est la propriété intellectuelle», souligne Jean-Claude Volot. Les grands groupes s'approprient régulièrement les innovations de leurs sous-traitants, en mettant par exemple en concurrence plusieurs fournisseurs sur un même projet. In fine, la PMI qui remporte le marché bénéficie des idées développées par ses concurrentes.

«Ne donnez pas notre nom, sinon nous sommes morts!»

Certaines pratiques tendent même à se développer. C'est le cas du «quick saving», véritable chantage qui consiste à exiger du fournisseur qu'il verse, avant même de livrer les premières pièces, un gros chèque à son donneur d'ordre. Cette pratique qui s'est répandue à la faveur de la crise «permet aux grands groupes de récupérer de la trésorerie et d'améliorer sa marge. Le pire, c'est quand l'acheteur précise : «Nous avons besoin de cet argent pour financer l'achat d'une entreprise à l'étranger…»», explique Jean-Claude Volot.

Des pratiques que les PMI sont réticentes à dénoncer, de peur d'être boycottées. «Surtout ne donnez pas notre nom, sinon nous sommes morts !», s'inquiètent les fournisseurs. «C'est l'omerta. Il est temps de briser ce silence et de mettre fin à ce système qui détruit le tissu industriel français», affirme le médiateur. Comment s'y prendre ? Si Jean-Claude Volot préfère pour l'instant ne pas saisir la justice, il espère que «parler haut et fort» incitera les fournisseurs à se lancer dans des médiations collectives. «Nous avons déjà lancé 25 médiations de ce type, concernant au total 600.000 salariés», souligne-t-il. Changer la loi ne résoudrait rien : «Il y a réponse à tout ou presque dans la législation. Le tout est de la faire appliquer», insiste-t-il.

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