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Barre-toi
1 février 2011

Obsédant coût du travail

Troquer des avantages sociaux contre des emplois, est-ce un chantage ignoble ou une réponse à la mondialisation?

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L’étude remise la semaine dernière au gouvernement remue le couteau dans la plaie: le coût du travail est un boulet pour notre industrie. L’institut Coe-Rexecode s’est penché sur la «divergence de compétitivité entre la France et l’Allemagne». Dans sa démonstration, il passe en revue plusieurs paramètres (spécialisation industrielle, structure du tissu d’entreprises, recherche, situation financière…) et met l’accent sur un autre phénomène: depuis dix ans, ce fameux coût du travail a grimpé très vite en France, pour rattraper voire dépasser celui de l’Allemagne. Cette réflexion va au-delà de la compétition franco-allemande. Pour conserver chez nous de l’emploi, malgré la concurrence des pays où le travail est moins cher, que peut-on faire ?

Première solution: réduire les prélèvements obligatoires sur les salaires. Pour cela, et malgré la tentative de la ministre de l’Économie de clore le débat, il faudra bien remettre sur le tapis la «TVA sociale». Elle permettrait de financer une partie des dépenses de solidarité – celles qui concernent le moins l’entreprise, à savoir les allocations familiales. Quoique impopulaire au premier abord, cette mesure serait favorable à l’emploi, grâce au transfert de charges sociales du travail vers la consommation. Autre avantage, la hausse d’un ou deux points de TVApèserait autant sur les produits«made in France» que sur les produits importés d’Asie. Variante: la TVA étant considérée comme un impôt injuste, le gouvernement pourrait choisir, avec la même finalité, de relever la CSG, un impôt magique qui pèse sur tous les revenus.

Deuxième solution: détricoter le droit du travail. D’une certaine manière, le «déverrouillage des 35 heures», proposé au début du mois par Manuel Valls, avec la bénédiction du patron de l’UMP Jean-François Copé, procède de cette logique. Mais ceux qui connaissent l’entreprise de l’intérieur savent bien que la fin des 35 heures poserait plus de problèmes qu’elle n’en résoudrait. Et puis, à 15 mois de la présidentielle, qui oserait réclamer une loi «antisociale», quand bien même elle favoriserait l’emploi dans les usines?

Troisième solution: laisser faire les partenaires sociaux, que ce soit au niveau national, des branches oumêmedes entreprises. Certaines – comme Bosch, PSA, ou Whirlpool – se sont déjà essayé à réduire d’elles-mêmes le coût «chargé» de leurs salariés, en leur mettant le marché en mains. Ces initiatives ont connu des bonheurs divers. En Italie, Fiat vient ainsi d’obtenir, coup sur coup, la signature de deux accords qui révisent à la baisse les avantages des employés, en échange d’un investissement dans leur usine (lire notre reportage à Pomigliano, et notre enquête, page 24). L’idée, ô combien polémique, c’est de troquer des avantages sociaux contre des emplois… Chantage ignoble ou réponse pragmatique à la mondialisation ? Honnêtement, nous n’avons pas la réponse.

http://www.usinenouvelle.com/article/obsedant-cout-du-travail.N145395

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