Interdiction de certains tapis-puzzles pouvant mettre en danger la santé des bébés

Interdiction de certains tapis-puzzles pouvant mettre en danger la santé des bébés
L’arrêté suspendant pour trois mois la vente de ces jouets contenant du formamide, substance toxique, a été publié ce 15 décembre. C’est une mesure de précaution en attendant les résultats d’analyses demandées à la DGCCRF et à l’Anses. Les parents sont appelés à la vigilance.

Les bébés n’auront pas de tapis-puzzles à Noël… Si leurs parents prévoyaient d’en mettre un sous le sapin, mieux vaut qu’ils changent d’idée ! Le 10 décembre, la Belgique interdisait la commercialisation de ces tapis en mousse colorée dont les dalles s’assemblent façon puzzle. Trois jours plus tard, le secrétaire d’État français à la consommation, Frédéric Lefebvre, annonçait la suspension de la mise sur le marché et le retrait de ces produits pouvant contenir une substance chimique : le formamide qui, à certaines doses, entraîne irritations, nausées, pertes de conscience, et s’avère toxique pour la reproduction ou le développement.

L’arrêté du 14 décembre 2010 officialisant cette décision a été publié le 15. La suspension, d’une durée de trois mois, ne concerne pas les produits dont le fabricant, l’importateur ou le distributeur peuvent prouver qu’ils ne contiennent pas de formamide.

Le problème est pourtant loin d’être nouveau, dénoncé en Belgique depuis plus d’un an

Si tout a été très vite à l’approche de Noël, le problème est loin d’être nouveau. Ces jouets sont dans le collimateur des autorités belges depuis octobre 2009, suite à l’alerte lancée par le mensuel belge Test Santé, qui pointait leur nocivité (lire l’article reproduit ici avec l’autorisation de l’éditeur).

L’Association des consommateurs Test-Achats, qui publie ce magazine, avait analysé dix modèles. La plupart d’entre eux émettaient de l’ammoniac et surtout du formamide. « Les puzzles sont fabriqués en une sorte de plastique caoutchouteux fait d’éthylène vinyle acétate (EVA) fréquemment utilisé pour les revêtements de sol de plaines de jeux ou de tapis de gymnastique, écrivaient alors les auteurs de l’article. Cette matière a la caractéristique d’être élastique et d’absorber les chocs. » Mais, poursuivaient-ils, les substances la constituant sont « nocives lorsqu’elles sont inhalées ou ingérées et irritantes pour les yeux et la peau ».

La « quasi-totalité » des tapis encore en vente émettaient trop de particules nocives

Tandis que le gouvernement belge prenait des mesures de retrait, le distributeur Colruyt demandait à ses fournisseurs de lui livrer des produits sans formamide. Mais ce fut « moins aisé que prévu », affirme l’entreprise, surtout parce que le coût de production devenait plus élevé. Colruyt finit par trouver un fabricant « après des mois de recherches et de tests ».

Mais les récents essais de l’administration belge ont montré que la « quasi-totalité » des tapis-puzzles encore en vente sur son marché émettaient « toujours un niveau trop élevé de particules nocives, notamment de formamide », selon un communiqué. La Belgique tient à jour une liste détaillée des tapis importés, classés selon qu’ils sont conformes ou non à la réglementation.

La probabilité est grande que les produits vendus en France soient aussi nocifs. Pour en avoir le cœur net, Frédéric Lefebvre a chargé la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) de les prélever pour les analyser. De son côté, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) doit mener « une expertise complémentaire dans un délai de trois mois ». Il s’agira d’identifier tous les tapis-puzzles contenant du formamide, de mesurer les niveaux d’exposition à cette substance et de déterminer éventuellement des limites maximales d’exposition si cela s’avère pertinent.

Remboursements facilités… et nouveaux tests en cours

La plupart des grandes enseignes françaises de jouets affirment avoir retiré les produits de leurs rayons avant même la décision du gouvernement. La Grande Récré dit avoir cessé la vente d’une quinzaine de références destinées au « premier âge » : des tapis, mais aussi des jeux de construction utilisant le principe des dalles en mousse. Les clients ayant acheté ces jouets depuis début novembre peuvent se faire rembourser sur présentation de leur ticket de caisse, précise l’enseigne. Pour les achats antérieurs, la Grande Récré s’engage à étudier les dossiers.

De son côté, le distributeur Toys’R’us indique qu’il a eu la confirmation par son fabricant que ses tapis en mousse ne contenaient pas de formamide. Cependant, « par acquit de conscience », l’enseigne a lancé une nouvelle série de tests. Les résultats seront connus dans la semaine du 20 décembre.

Le secrétaire d’État à la consommation appelle à la vigilance les parents ayant déjà ce jouet à la maison : les enfants ne doivent pas porter à la bouche les morceaux de tapis détachables.

Dernière information utile : les émissions de formamide, particulièrement importantes à l’ouverture de l’emballage, s’évaporeraient progressivement au bout d’une quinzaine de jours.