Commercial avec un CDI à 0 € de fixe, ça vous tente ?
Peut-on signer un CDI prévoyant un salaire fixe de 0 € ? Cette proposition en choquerait plus d'un. Et pourtant, elle n'a rien d'illégal. Certes, pour une écrasante majorité de travailleurs, le smic reste la règle en matière de salaire minimum. Pas chez les VRP. Certains commerciaux chargés de vendre des abonnements de téléphonie mobile ou d'Internet sont uniquement rémunérés à la commission
Notre journaliste s'est fait embaucher dans une entreprise de vente d'abonnements Internet, Ranger France, aux méthodes pour le moins expéditives. D'autres sociétés vont plus loin, telle ACN qui fait payer ses futurs vendeurs pour être embauchés (page 3).
« Les VRP sont des salariés, mais leur statut se rapproche de celui d'un indépendant, lequel n'est pas payé en fonction d'un taux horaire mais en fonction de ses résultats », confesse une spécialiste du droit du travail. Les VRP, sur le papier, sont totalement maîtres de leur emploi du temps. Libre à eux de s'organiser, de travailler une semaine entière ou quelques jours seulement, seul le résultat compte, quel que soit le nombre d'heures passées à démarcher des clients. Ce qui n'est pas le cas de Ranger qui impose des horaires précis à ses « employés ».
Politique du marche ou crève
En pleine crise économique, alors que le taux de chômage retrouve un niveau qu'il n'avait plus atteint depuis 1999, faut-il y voir une tentative, chez certains employeurs, de repousser encore et toujours les limites du Code du travail ? Faut-il y voir la même volonté d'embaucher des salariés à moindres frais que celle qui poussent une poignée de patrons indélicats à sous-traiter avec des salariés déguisés en autoentrepreneurs ? La question se pose d'autant plus que, visiblement, les VRP ne sont plus les seuls concernés. Selon Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, le secrétaire général de la CGPME, ces pratiques se développeraient dans le secteur immobilier, des agents n'étant payés qu'en fonction des ventes enregistrées. Une politique du marche ou crève dont les employeurs concernés sont les grands gagnants. Mais pour les salariés, elle ne peut être synonyme que de précarité.